Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/185

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prolongée suffirent pour démentir la promesse agréable au peuple, mais indécente en elle-même, qu’il avait faite d’éviter en tout l’exemple de son père. Lorsqu’on vit qu’il lui restait peu de jours à vivre, toutes les voix, soit dans le palais, soit dans la ville, se réunirent en faveur de Michel, grand-maître du palais, et mari de Procopia sa sœur. Il ne manqua à Michel que celle de son envieux beau-frère. Obstinément attaché à retenir un sceptre qui s’échappait de ses mains, celui-ci conspira contre la vie du successeur qu’on lui désignait, et se laissa séduire à l’idée de faire de l’Empire romain une démocratie ; mais ces desseins irréfléchis ne servirent qu’à enflammer le zèle du peuple et à dissiper les scrupules de Michel. Il accepta la pourpre, et avant de descendre dans la tombe, le fils de Nicéphore implora la clémence de son nouveau souverain. [Michel II, Rhangabe. A. D. 811. Octobre 2.]Si Michel fût monté dans un temps de paix sur un trône héréditaire, il aurait pu être chéri et regretté comme le père de son peuple ; mais ses paisibles vertus convenaient surtout à l’obscurité de la vie privée, et il ne fut pas en état de réprimer l’ambition de ses égaux, ou de résister aux armes des Bulgares victorieux. Tandis que son défaut de talens et de succès l’exposait au mépris des soldats, le mâle courage de sa femme Procopia excita leur indignation. Les Grecs même du neuvième siècle furent blessés de l’insolence d’une femme, qui, placée devant les étendards, osait se charger de diriger leurs mouvemens et d’animer leur valeur ; et leurs cla-