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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/184

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de la poussière, enrichis et revêtus des premières dignités de l’état, ils conspirèrent lâchement contre leur bienfaitrice : le grand trésorier, nommé Nicéphore, fut secrètement revêtu de la pourpre ; le successeur d’Irène fut établi dans le palais, et couronné à Sainte-Sophie par un patriarche qu’ils avaient eu soin d’acheter. Dans la première entrevue avec le nouvel empereur, Irène récapitula avec dignité les révolutions qui avaient agité sa vie ; elle reprocha doucement à Nicéphore sa perfidie ; laissa entrevoir qu’il devait la vie à sa clémence peu soupçonneuse, et pour la dédommager du trône et des trésors qu’elle abandonnait, elle sollicita une retraite honorable. L’avare Nicéphore refusa cette modeste compensation, et l’impératrice exilée dans l’île de Lesbos, n’eut pour subsister que le produit de sa quenouille.

Nicéphore Ier. A. D. 802. Oct. 31.

Sans doute il y a eu des tyrans plus criminels que Nicéphore, mais il n’en est peut-être aucun qui ait excité plus universellement la haine de son peuple. Trois vices méprisables, l’hypocrisie, l’ingratitude et l’avarice, souillèrent son caractère : des talens ne suppléaient pas à son défaut de vertu, et il n’avait point de qualités agréables qui rachetassent son défaut de talent. Malhabile et malheureux à la guerre, il fut vaincu par les Sarrasins et tué par les Bulgares ; et sa mort fut regardée comme un bonheur qui, dans l’opinion publique, compensa la perte d’une armée romaine. [Stauracius. A. D. 811. Juillet 25.]Stauracius, son fils et son héritier, n’échappa du combat qu’avec une blessure mortelle ; mais six mois d’une vie qui ne fut qu’une agonie