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ŒDIPE

Dieu, dis-tu. Moi, je me sentais assez fort pour résister même à Dieu. Je voulais me détourner de Lui, quand je me dirigeai vers le sphinx. Pourquoi ? C’est ce que je comprends aujourd’hui. Je consentais de demeurer soumis à Dieu, quand il menait à la gloire ; mais point s’il me poussait au crime, un crime dont il m’avait masqué l’horreur… Très lâche trahison de Dieu, tu ne me parais pas tolérable. Et maintenant suis-je encore astreint ? L’oracle a-t-il prédit ce que je devais faire à présent ? Dois-je le consulter encore ? Savoir, Tirésias, ce que vont raconter tes oiseaux ?… Ah ! je voudrais échapper au dieu qui m’enveloppe, à moi-même. Je ne sais quoi