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de biskra à touggourt

nuit paraît si grande que le bordj y paraît petit. Jamais je n’avais vu tant d’étoiles. D’où que ce soit du ciel, devant le regard, il en point. L’aboi des chiens… une angoisse indéfinissable vous prend ; — on est mal défendu contre le vide ; on sent céder partout le désert.

Égarés dans la nuit, nous cherchons à gagner le village que la voiture, avant de s’arrêter au bordj, avait longé. Il est loin. Nous entendons chanter un refrain de caserne, puis rencontrons quatre soldats qui nous abordent et s’offrent à nous guider. Nous les quittons sitôt entrés dans le village. Il fait froid. Au milieu de la rue, — si l’on peut appeler ainsi ce canal entre les maisons, — des feux de palmes que

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