Page:Gide - Amyntas, 1906.djvu/167

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alger (blida)

tranquillisés, le vol s’abat comme un malheur.

Le défaut de peur de la mort fait le défaut de l’art arabe. Ils ne reculent pas devant mourir. Et c’est de l’horreur de la mort que naît l’art. Le peuple grec, qui, jusque sur le seuil du tombeau, niait la mort, doit son art à l’effort de protester contre elle. Si la religion chrétienne avait abouti, la certitude d’une vie éternelle eût nié l’art (je dis : l’art, et non pas l’artiste — les artistes sont légion parmi les Arabes). Il n’eût éclos ni dans les livres, ni dans les cathédrales, et François d’Assise eût peut-être pensé, chanté, son « hymne aux étoiles » ; il ne l’eût pas

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