Page:Gide - Amyntas, 1906.djvu/175

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alger (blida)

Jeudi.

Il va pleuvoir encore. Le ciel est lourd ; l’air est pâteux. Par ce temps-là je ne puis guère écrire. C’est curieux ce que le moindre nuage au ciel répand d’ombre sur mes pensées…

Marché par désœuvrement, par tristesse, suivant le quai, jusqu’au quartier de Saint-Eugène. Un ciel noir ; de la pluie sur la mer et que le vent pousse vers nous. Dieux ! qu’a-t-on fait d’Alger la blanche ? De cet écroulement léger, neigeux… un dépotoir ! Tant de neige, ici, fond en boue. Sur des déchets puants, des masures que hante un peuple guenilleux. Une flache croupie où des enfants sans joie,

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