Page:Gide - Amyntas, 1906.djvu/219

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biskra

Lundi.

Sans doute, il y a dix ans, les heures des trains n’étaient pas les mêmes, et je crois bien que l’on n’arrivait à Biskra qu’à la nuit — car, parmi les confus et pénibles souvenirs de cet interminable trajet (j’étais malade) une minute, pourtant m’apparaît avec une précision extraordinaire :

Après Batna, le soleil s’est couché ; on descend des plateaux ; l’air tiédit d’heure en heure. (Le trajet des deux derniers jours m’avait tué.) — Une halte dans la nuit déjà close. La station porte le nom un peu ridiculement poétique, mais qui cette première fois fait rêver, de Fontaine-des-gazelles. J’ouvre la portière. Le silence est

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