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le renoncement au voyage

le cadi. Il parle avec douceur et son beau visage sourit. Dans la première salle, qu’une claie à hauteur d’appui sépare de l’alcôve, des Arabes attendent. Ils sont assis sur une sorte de large banc plein qui suit le mur sur les quatre côtés de la pièce, et que rompt seulement la brèche de la porte et l’alcôve ; des faïences vert-cru le carrellent ; au pied du banc les babouches restent posées. Le plafond blanc de chaux ; le mur, jusqu’à mi-hauteur, peint en vert. Devant moi un admirable vieillard à longue barbe, aux yeux gris clignotants ; sa pauvreté garde une dignité discrète ; il ne reste de chair à son corps que ce qu’il en faut justement pour que l’âme l’habite encore. J’admire ce que, sur ce fond vert, sa peau bise

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