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Page:Gide - Amyntas, 1906.djvu/232

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le renoncement au voyage

Jardin Landon.

Oui, ce jardin est merveilleux, je sais — et pourtant il ne me plaît guère. Je cherche à m’expliquer pourquoi. Peut-être, à cause du soin même avec lequel il est entretenu (dans les allés sablées pas une feuille ne traîne à terre) ; rien ne m’y paraît naturel. — C’est l’œuvre d’art, diras-tu. — Je l’accorde : aussi bien ce défaut d’abandon, de mollesse, en aucune œuvre ne me plairait. Puis je peuple un jardin aussitôt, malgré moi, de figures à sa ressemblance, dont l’allure et les sentiments forment avec lui quelque accord. Ainsi vis-je à la villa Pamphili les révérences de Van Orley dans les robes seigneuriales, et Dante et Béatrix dans les

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