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tout comme un artiste a des dons premiers ; mais qui ne devient grand artiste qu’à condition qu’’il les cultive. C’est ainsi que si je me laissais aller, je m’abandonnerais à des contentements faciles ; je m’accommode aisément du médiocre et, ma foi, durant mon temps de service, je vous affirme que je n’ai guère trop souffert des privations, de l’inconfort dont je voyais autour de moi se plaindre maints camarades de chambrée, de peau plus rude et de sens moins affinés que les miens.

Dans mon exigence, aujourd’hui, persuadez-vous qu’il entre moins de complaisance égoïste que de résolution et d’étude. Je n’abandonne pas au chrétien le souci de la perfection ; j’ai ma vertu, que je cultive et que je raffine sans cesse, m’apprenant à ne to-

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