Page:Gide - Caractères, 1925.djvu/21

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Une musique banale et qui, malgré tout, m’attira, éclatait à ce moment sur la place. J’accourus. Sous un kiosque illuminé se tenait le petit orchestre où les instruments de métal sévissaient. Tout autour du kiosque, la nuit, écartée comme un voile, ne laissait retomber ses plis qu’au delà du peuple en arrêt que groupait ici la musique. Une partie des arbres voisins accrochait encore à l’extrémité d’un rameau la lumière ; le reste s’enfonçait dans la nuit. En face de l’allée que j’avais prise pour venir, une autre allée s’ouvrait, plus haute, plus large, plus ténébreuse, que le silence qui l’emplissait me fit aimer ; mystérieuse et dans laquelle je m’enfonçai.

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