Page:Gide - Caractères, 1925.djvu/28

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Rien ne m’irrite plus que cette conviction où les nationalistes (et bien d’autres) entretiennent le commun des lecteurs français — qu’ils sont à tout jamais incapables de comprendre les nationalités étrangères. Loin de chercher à reconnaître en elles ce qui, malgré les différences, reste humain et par quoi ils pourraient sympathiser, ils ne font état que des différences. Ceci est d’une vérité si évidente que je ne le noterais pas ici ; mais il s’y ajoute cette réflexion qui, ce matin, me paraît assez neuve :

Les différences, de peuple à peuple, ne sont-elles pas étrangement accentuées par les habitudes qui portent chacun, dans sa littérature respective, à faire exposition de telles parties de son personnage que d’autres ont accou-

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