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ALLOCUTION
LUE AU VIEUX-COLOMBIER
POUR LA CÉLÉBRATION DU CENTENAIRE DE DOSTOÏEVSKY


Les admirateurs de Dostoïevsky étaient, il y a quelques années, assez peu nombreux ; mais comme il advient toujours lorsque les premiers admirateurs sont recrutés dans l’élite, leur nombre va toujours grandissant, et la salle du Vieux-Colombier est beaucoup trop petite pour les contenir tous aujourd’hui. Comment il se fait que certains esprits demeurent encore réfractaires à son œuvre admirable, c’est ce que je voudrais d’abord examiner. Car, pour triompher d’une incompréhension le meilleur moyen c’est de la tenir pour sincère et de tâcher de la comprendre.

Ce qu’on a surtout reproché à Dostoïevsky au nom de notre logique occidentale, c’est je crois, le caractère irraisonné, irrésolu et souvent presque irresponsable de ses personnages. C’est tout ce qui, dans leur figure, peut paraître gri-