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Page:Gide - Isabelle.djvu/106

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ISABELLE

l’on apercevait de la carrière où, quand la pluie cessait, j’allais m’asseoir — sur cette même pierre où je m’étais assis le premier jour avec Casimir ; où, rêveuse, Mademoiselle de Saint-Auréol s’était assise naguère, peut-être… et je m’imaginais assis près d’elle.

Casimir m’accompagnait souvent, mais je préférais marcher seul. Et presque chaque jour la pluie me surprenait dans le jardin ; trempé, je rentrais me sécher devant le feu de la cuisine. Ni la cuisinière, ni Gratien ne m’aimaient ; mes avances réitérées n’avaient pu leur arracher trois paroles. Du chien non plus, caresses ou friandises n’avaient pu me faire un ami ; Terno passait presque toutes les heures du jour couché dans l’âtre vaste, et quand j’en approchais il grognait. Casimir que je retrouvais souvent, assis sur la margelle du foyer, épluchant des légumes ou lisant, y allait alors d’une tape, s’affectant que son chien ne m’accueillît pas en ami. Prenant le livre des mains de l’enfant je poursuivais à haute voix sa