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Page:Gide - Isabelle.djvu/115

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ISABELLE

sentais rougir et me troubler comme un enfant fautif. Il importe pourtant de l’amadouer, pensais-je, car désormais je n’apprendrai rien que par lui seul ; lui seul peut m’éclairer le détour de cette ténébreuse histoire où m’achemine déjà moins de curiosité que d’amour. Après le café, la cigarette que j’offrais à l’abbé servait de prétexte au dialogue : pour ne point incommoder la baronne nous allions fumer dans l’orangerie.

— Je croyais que vous ne deviez rester ici que huit jours, commença-t-il sur un ton d’ironie.

— Je comptais sans l’amabilité de nos hôtes.

— Alors, les documents de Monsieur Floche… ?

— Assimilés… Mais j’ai trouvé de quoi m’occuper davantage.

J’attendais une interrogation ; rien ne vint.

— Vous devez connaître dans les coins le double fond de ce château, repartis-je impatiemment.