Page:Gide - Isabelle.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
ISABELLE

Sa voix tremblait d’une si grave colère que je compris à ce moment comment cet homme avait pu aller jusqu’au crime pour protéger l’honneur de ses maîtres.

— Elle est dans le château, maintenant ?

— À l’heure qu’il est, elle doit se promener dans le parc. Paraît que ça ne lui fait pas de mal, à elle ; elle regarde les ébrancheurs ; il y a même des jours qu’elle cause avec eux, sans honte. Mais quand il pleut, elle ne quitte pas sa chambre ; tenez, celle qui fait le coin ; elle se tient tout contre la vitre et regarde dans le jardin. Si son homme n’était pas à Lisieux pour le quart d’heure, je ne sortirais pas comme je fais. Ah ! on peut dire que c’est du beau monde. Monsieur Lacase ; pour sûr ! Si seulement nos pauvres vieux maîtres revenaient pour voir ça chez eux, ils retourneraient bien vite où ils reposent.

— Casimir est par là ?

— Je pense qu’il se promène dans le parc lui aussi. Voulez-vous que je l’appelle ?