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ISABELLE

semblait nous entourer, barrer la route, s’ouvrir devant nous à l’instant de notre passage, puis, aussitôt après se refermer.

Au bas d’une montée plus raide, la voiture s’arrêta de nouveau. Le cocher vint à la portière et l’ouvrit, puis, sans façons :

— Si Monsieur voulait bien descendre. La côte est un peu dure pour le cheval. — Et lui-même fît la montée en tenant par la bride la haridelle. À mi-côte il se retourna vers moi, qui marchais en arrière :

— On est bientôt rendu, dit-il sur un ton radouci. Tenez : voilà le parc. Et je distinguai devant nous, encombrant le ciel découvert, une sombre masse d’arbres. C’était une avenue de grands hêtres, sous laquelle enfin nous entrâmes, et où nous rejoignîmes la première route que nous avions quittée. Le cocher m’invita à remonter dans la voiture, qui parvint bientôt à la grille ; nous pénétrâmes dans le jardin.