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Page:Gide - Isabelle.djvu/84

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ISABELLE

miers temps, la solitude de la campagne paraît un peu sévère à quiconque aime beaucoup causer ; puis on s’y fait.

— Ce n’est donc pas par goût que vous êtes venu vous installer à la Quartfourche ?

Il se dégagea de sa chancelière, se leva, puis posant sa main familièrement sur ma manche :

— J’avais à l’Institut quelques collègues que j’affectionne, dont votre cher maître Albert Desnos ; et je crois bien que j’étais en passe de prendre bientôt place auprès d’eux…

Il semblait vouloir parler davantage ; pourtant je n’osais poser question trop directe :

— Est-ce Madame Floche qu’attirait à ce point la campagne ?

— N… on. C’est pourtant pour Madame Floche que j’y suis venu ; mais elle-même y était appelée par un petit événement de famille.

Il était descendu dans la grande salle et aperçut la liasse que j’avais déjà ficelée.

— Ah ! vous avez déjà tout regardé, dit-il tristement. Sans doute aurez-vous trouvé là