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Page:Gide - Isabelle.djvu/97

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ISABELLE

chacun ; on eût dit que j’étais de la famille.

Je rédigeai je ne sais plus quel fantaisiste texte de dépêche que je fis expédier à une adresse imaginaire.

— J’ai peur, à déjeuner, d’avoir été un peu indiscrète en vous priant trop fort, dit Madame Floche ; puis-je espérer que, si vous restez, vos affaires de Paris n’en souffriront pas trop ?

— J’espère que non, chère Madame. Je prie un ami de prendre soin de mes intérêts.

Madame de Saint-Auréol était survenue ; elle s’éventait et tournait dans la pièce en criant de sa voix la plus aiguë. — Qu’il est aimable ! Ah ! mille grâces… Qu’il est aimable ! — puis disparut, et le calme se rétablit.

Peu avant le diner l’abbé rentra de Pont-l’Évêque ; comme il n’avait pas eu connaissance de ma velléité de départ, il ne put être surpris d’apprendre que je restais.

— Monsieur Lacase, dit-il assez affablement, j’ai rapporté de Pont-l’Évêque quel-