Page:Gide - L’Immoraliste.djvu/127

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priété était vaste, et quand nous eûmes bien fouillé tous les coins, nous recommençâmes avec plus de méthode. Charles ne me dissimula point l’irritation que lui causait la vue de certains champs mal cultivés, d’espaces pris de genêts, de chardons, d’herbes sures ; il sut me faire partager cette haine pour la jachère et rêver avec lui de cultures mieux ordonnées.

– Mais, lui disais-je d’abord, de ce médiocre entretien, qui en souffre ? Le fermier tout seul, n’est-ce pas ? Le rapport de sa ferme, s’il varie, ne fait pas varier le prix d’affermage.

Et Charles s’irritait un peu : – Vous n’y connaissez rien, se permettait-il de répondre – et je souriais aussitôt. – Ne considérant que le revenu, vous ne voulez pas remarquer que le capital se détériore. Vos terres, à être imparfaitement cultivées, perdent lentement leur valeur.

– Si elles pouvaient, mieux cultivées, rapporter plus, je doute que le fermier ne s’y