Page:Gide - L’Immoraliste.djvu/241

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– Anche tu sei bello, ragazzo, répondis-je ; et, comme j’étais penché vers lui, je n’y pus tenir et, bientôt, l’attirant contre moi, l’embrassai. Il se laissa faire en riant.

– I Francesi sono tutti amanti, dit-il.

– Ma non tutti gli Italiani amati, repartis-je en riant aussi… Je le cherchai les jours suivants, mais ne pus parvenir à le revoir.

Nous quittâmes Taormine pour Syracuse. Nous redéfaisions pas à pas notre premier voyage, remontions vers le début de notre amour. Et de même que de semaine en semaine, lors de notre premier voyage, je marchais vers la guérison, de semaine en semaine, à mesure que nous avancions vers le Sud, l’état de Marceline empirait.

Par quelle aberration, quel aveuglement obstiné, quelle volontaire folie, me persuadai-je, et surtout tâchai-je de lui persuader qu’il lui fallait plus de lumière encore et de chaleur, invoquai-je le souvenir de ma convalescence à Biskra… L’air s’était attiédi pourtant ; la baie de Palerme est clémente