je la tins à demi renversée contre moi ; je vis son regard se voiler ; puis ses paupières se fermèrent, et d’une voix dont rien n’égalera pour moi la justesse et la mélodie :
— Aie pitié de nous, mon ami ! Ah ! n’abîme pas notre amour.
Peut-être dit-elle encore : N’agis pas lâchement ! ou peut-être me le dis-je moi-même, je ne sais plus, mais soudain me jetant à genoux devant elle et l’enveloppant pieusement de mes bras :
— Si tu m’aimais ainsi, pourquoi m’as-tu toujours repoussé ? Vois ! j’attendais d’abord le mariage de Juliette ; j’ai compris que tu attendisses aussi son bonheur ; elle est heureuse ; c’est toi-même qui me l’as dit. J’ai cru longtemps que tu voulais continuer à vivre près de ton père ; mais à présent nous voici tous deux seuls.
— Oh ! ne regrettons pas le passé, murmura-t-elle. À présent j’ai tourné la page.
— Il est temps encore, Alissa.
— Non, mon ami, il n’est plus temps. Il