stupeur, je vois ceci : au milieu de la chambre aux rideaux clos, mais où les bougies de deux candélabres répandent une clarté joyeuse, ma tante est couchée sur une chaise longue ; à ses pieds Robert et Juliette ; derrière elle, un inconnu, jeune homme en uniforme de lieutenant. — La présence de ces deux enfants m’apparaît aujourd’hui monstrueuse ; dans mon innocence d’alors, elle me rassura plutôt. — Ils regardent en riant l’inconnu qui répète d’une voix flûtée :
— Bucolin ! Bucolin !… Si j’avais un mouton, sûrement je l’appellerais Bucolin.
Ma tante elle-même rit aux éclats. Je la vois tendre au jeune homme une cigarette qu’il allume et dont elle tire quelques bouffées. La cigarette tombe à terre. Lui s’élance pour la ramasser, feint de se prendre les pieds dans une écharpe, tombe à genoux devant ma tante… À la faveur de ce ridicule jeu de scène, je me glisse sans être vu.
Me voici devant la porte d’Alissa. J’attends