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la porte étroite

Promets-moi maintenant de n’être plus si romanesque désormais…


— Eh bien ! Es-tu fiancé ? me demanda Abel dès que nous fûmes seuls de nouveau.

— Mon cher, il n’en est plus question, répondis-je, ajoutant aussitôt d’un ton qui coupait court à toute nouvelle question : — Et cela vaut beaucoup mieux ainsi. Jamais je n’ai été plus heureux que ce soir.

— Moi non plus, s’écria-t-il ; puis, brusquement, me sautant au cou : — Je m’en vais te dire quelque chose d’admirable, d’extraordinaire ! Jérôme, je suis amoureux fou de Juliette ! Déjà je m’en doutais un peu l’an dernier ; mais j’ai vécu depuis, et je n’avais rien voulu te dire avant d’avoir revu tes cousines. À présent, c’en est fait ; ma vie est prise.

« J’aime, que dis-je aimer — j’idolâtre Juliette ! »

» Depuis longtemps il me semblait bien que j’avais pour toi une espèce d’affection de beau-frère…