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Page:Gide - La Symphonie pastorale.pdf/139

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contraint que je ne lui connaissais point mais que je m’efforçais de croire celui même de son nouveau regard ; un sourire qui semblait ruisseler de ses yeux sur son visage comme des larmes, et près de quoi la vulgaire joie des autres m’offensait. Elle ne se mêlait pas à la joie ; on eût dit qu’elle avait découvert un secret, que sans doute elle m’eût confié si j’eusse été seul avec elle. Elle ne disait presque rien ; mais on ne s’en étonnait pas, car près des autres, et plus ils sont exubérants, elle est souvent silencieuse.

Seigneur, je vous implore : permettez-moi de lui parler. J’ai besoin de savoir, ou sinon comment continuerais-je à vivre ?… Et pourtant, si tant est qu’elle a voulu cesser de vivre, est-ce précisément pour avoir su ? Su quoi ? Mon amie, qu’avez-vous donc appris d’horrible ? Que vous avais-je donc caché de mortel, que soudain vous aurez pu voir ?

J’ai passé plus de deux heures à son