Page:Gide - La Tentative amoureuse, ou le Traité du vain désir.djvu/28

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ANDRE GIDE

L’air était devenu plus tiède, les nuits si belles, qu’ils ne fermaient plus la croisée : ils dormaient ainsi sous la lune — et comme un rosier plein de fleurs montait, entourait la fenêtre, ils en avaient emprisonné des branches ; l’odeur des roses se mêlait à celle des bouquets dans la chambre. À cause de l’amour ils s’endormaient très tard ; ils avaient des réveils comme ceux de l’ivresse — très tard, encore fatigués de la nuit. Ils se lavaient dans une source claire, qui coulait à l’extrémité du jardin, et Luc regardait Rachel se baigner nue sous les feuilles. — Puis ils partaient en promenade.

Souvent ils attendaient le soir, assis dans l’herbe et sans rien faire ; ils