Page:Gide - La Tentative amoureuse, ou le Traité du vain désir.djvu/54

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ANDRE GIDE

sant continuer la route. La suite du passé les sépare. Les mains se lâchent et voilà, chacune en vertu du passé continuera seule la route. C’est une séparation nécessaire, car seul un semblable passé pourra faire semblables les âmes. Tout est continu pour les âmes. — Il en est, vous savez, nous le savons Madame, qui chemineront parallèles, et ne pourront pas s’approcher. — Donc Luc et Rachel se quittèrent ; un seul jour, un seul instant d’Été, leurs deux lignes s’étaient mêlées, — un unique point de tangence — et déjà maintenant ils regardaient ailleurs.

Sur le sable assis près des vagues, Luc regardait la mer, et Rachel la contrée. Ils cherchaient par moments à res-