Page:Gide - La Tentative amoureuse, ou le Traité du vain désir.djvu/61

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ANDRE GIDE

J’ai fini de vous raconter cette histoire qui nous ennuie ; de grandes tâches maintenant nous appellent. Je sais que, sur la mer, sur l’océan de la vie, des naufrages glorieux attendent, — et des marins perdus, et des îles à découvrir. — Mais nous restons penchés sur les livres, et nos désirs s’en vont vers des actions plus certaines. C’est cela qui nous fait, je le sais, plus joyeux que les autres hommes. — Parfois cependant, lassé d’une étude trop continue, je descends vers le bois, par la pluie, et je vais voir finir l’automne. — Et je sais qu’après, certains soirs, rentrant de cette promenade, je me suis assis près du feu, comme ivre du bonheur de la vie, et presque sanglotant d’ivresse,