Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/121

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chez des voisins, ait été amené à l'idée du suicide, c'est douloureux, mais admissible; que la lecture assidue et non contrôlée des philosophes pessimistes allemands l'ait conduit à un mysticisme de mauvais aloi, « sa religion à lui » comme il disait, on peut encore l'admettre. Mais qu'il y ait eu, dans ce lycée d'une grande ville, une association malfaisante de quelques gamins pour se pousser mutuellement au suicide, c'est monstrueux et c'est malheusement [sic] ce qu'il faut constater.

On dit qu'il y aurait eu un tirage au sort, entre trois élèves, pour savoir qui se tuerait le premier. Ce qui est certain, c'est que les deux complices du malheureux Nény l'ont pour ainsi dire forcé, en l'accusant de lâcheté, à mettre fin à ses jours; c'est que, la veille, ils lui ont fait faire la répétition et la mise en scène de cet acte odieux; la place où il devait, le lendemain,