Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/134

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— C’est bien. Tâchez de devenir son ami.

Et comme je faisais la grimace :

— Ah ! vous avez encore des goûts personnels, s’écria-t-il, sur un tel ton, que je ne songeai plus qu’à les désavouer aussitôt.

… Vous avez peut-être aussi des scrupules, des répugnances ?…

— Je tâcherai de m’en débarrasser, pour vous servir, dis-je en riant. Si j’étais d’avance parfait, je n’aurais que faire de vos conseils.

— Lafcadio, faites attention, mon ami (son front s’était légèrement rembruni), ce que j’attends de vous c’est le cynisme, ce n’est pas l’insensibilité. Certains vous diront que l’un ne peut aller sans l’autre ; ne les croyez point. Mais, tout de même, méfiez-vous. L’émotion s’accompagne volontiers de maladresse et il y a

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