Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/144

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semble que tout à coup je découvre l’explication de ma vie, de tout l’inexplicable, de tout l’incompréhensible, de toute l’ombre de ma vie. Je voudrais un jour écrire une… oh ! je ne sais comment dire — ça se présente à mon esprit sous une forme de dialogue, mais il y aurait autre chose encore… enfin, ça s’appellerait peut-être « Conversation avec le diable » — et savez-vous comment cela commencerait ? J’ai trouvé sa première phrase ; la première à lui faire dire, vous comprenez ; mais pour trouver cette phrase il faut le connaître déjà très bien… Je lui fais dire d’abord : — Pourquoi me craindrais-tu ? Tu sais bien que je n’existe pas. Oui, je crois que c’est ça. Ça résume tout : c’est de cette croyance à la non existence du diable que… Mais parlez donc un peu ; j’ai besoin qu’on m’interrompe.

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