Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/26

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encore un peu ma satisfaction studieuse. L'idée d'obtenir quoi que ce soit aux dépens d'autrui me paralyse (et du reste il n'est peut-être pas de meilleur frein moral ; mais je me persuade difficilement qu'autrui puisse trouver la même joie que je trouve moi-même à secourir et à favoriser).

La grande question à étudier d’abord est celle-ci : puis-je représenter toute l'action de mon livre en fonction de Lafcadio. Je ne le crois pas. Et sans doute le point de vue de Lafcadio est-il trop spécial pour qu’il soit souhaitable de le faire sans cesse prévaloir. Mais quel autre moyen de présenter le reste ? Peut-être est-ce folie de vouloir éviter à tout prix le simple récit impersonnel.