Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/34

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penser au roman, encore que mon souci le plus immédiat fût pour la rédaction de « Si le grain ne meurt », dont j'ai écrit cet été l’un des plus importants chapitres (Voyage en Algérie avec Paul). Je fus amené, tout en l’écrivant, à penser que l'intimité, la pénétration, l’investigation psychologique peut, à certains égards, être poussée plus avant dans le «roman » que même dans les « confessions ». L'on est parfois gêné dans celles-ci par le « je » ; il y a certaines complexités que l’on ne peut chercher à démêler, à étaler sans apparence de complaisance. Tout ce que je vois, tout ce que j'apprends, tout ce qui m'advient depuis quelques mois, je voudrais le faire entrer dans ce roman, et m'en servir pour l’enrichissement de sa touffe. Je voudrais que les événements ne fussent jamais racontés directement par l’auteur, mais plutôt exposés (et plusieurs