Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

paraît que je fais fausse route ; le dialogue avec Edouard, en particulier (si réussi qu'il puisse être), entraîne le lecteur et m’entraîne moi-même dans une région d'où je ne vais pas pouvoir redescendre vers la vie. Ou bien alors, il faudrait précisément que je fasse peser l'ironie du récit sur ces mots : « Vers la vie » —- laissant entendre et faisant comprendre qu’il peut y avoir tout autant de vie dans la région de la pensée, et tout autant d'angoisse, de passion, de souffrance.

Du besoin de remonter toujours plus en arrière pour expliquer n'importe quel événement. Le plus petit geste exige une motivation infinie.

Je me demande sans cesse : un tel effort aurait-il pu être obtenu par d’autres causes ? Chaque fois je dois reconnaître