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Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/101

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trouver le jour dehors un peu moins triste. Ce fut dans cette grotte qu’Ellis prit les fièvres paludéennes et que me vinrent les premiers doutes affreux sur son identité.

Tandis que les autres rentraient en barque, Ydier, Nathanaël et moi, ayant repris quelques désirs de vivre, nous partîmes au soir vers les landes. Alors nous advint cette étrange aventure dont le mystère encore nous tourmente, car elle fut unique dans ce voyage et ne se rattachait à rien d’autre.

La nuit était tombée ; le vent glissait sur les joncs de la lande ; des feux flottaient sur les tourbières, et par crainte des fondrières nous ne marchions que lentement. Un tintement dans le silence nous fit nous arrêter surpris. Comme une forme vaporeuse, une blanche femme naissait, se balançait aérienne, s’élevait au-dessus du marais ; elle agitait une clochette comme un calice dans sa main. Notre geste d’abord fut de fuir, puis rassurés un peu à cause de sa délicatesse, nous l’eussions peut-être implorée, mais voici qu’elle n’était plus déjà qu’une vapeur défaite, soit plus haute ou soit très lointaine, et la petite