Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/254

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la vitre et pluviale, qu'une aube enfin paraisse, et qu'elle apporte jusqu'à nous, à travers l'ombre accumulée, un peu de blancheur naturelle...

Angèle sommeillait à demi; n'entendant plus parler elle s'éveilla doucement - murmura :

« Vous devriez mettre cela...

- ... Ah! par pitié n'achevez pas, chère amie - et ne me dites pas que je devrais mettre cela dans Paludes. - D'abord ça y est déjà - et puis vous n'avez pas écouté - mais je ne vous en veux pas - non, je vous en supplie, ne croyez pas que je vous en veuille. Aussi bien je veux être joyeux aujourd'hui. L'aube naît, Angèle! voyez! Voyez les toits gris de la ville et ces blancheurs sur la banlieue... Sera-ce... Ah! de quelle morne grisaille et de quelle veille effritée, cendre amère, ah! pensée - sera-ce ta candeur, et qui se glisse inespérée, aube, qui nous délivrera? - La vitre où le matin ruisselle... non... le matin où pâlit la vitre... Angèle - laverait... laverait...