Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/258

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- Vous trouvez, chère amie, lui dis-je.

- Mais non, mais non, je vous assure ; - je ne dis pas qu'ils soient mauvais, mauvais.. Mais enfin, je n'y tiens pas; - j'improvisais. Puis, vous avez peut-être raison; - il se peut en effet qu'ils soient bons. L'auteur ne sait jamais bien lui-même... »

Nous arrivâmes à la gare beaucoup trop tôt. Il y eut, dans la salle d'attente, une attente, ah' vraiment longue. C'est alors qu'assis auprès d'Angèle je crus devoir lui dire une gracieuseté :

« Amie - mon amie, - commençais-je; il y a dans votre sourire une douceur que je ne puis pas bien comprendre. Viendrait-elle de votre sensibilité?

- Je ne sais pas, répondit-elle.

- Douce Angèle! je ne vous avais jamais aussi bien appréciée qu'aujourd'hui. » Je lui dis aussi : « Charmante amie, que les associations de vos pensées sont délicates! »