Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/35

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nuyaient, parce qu’un souvenir inappelé de la mer et du ciel réel faisait que nous n’avions plus foi dans l’étude ; quelque balsamiques et tièdes sont venues soulever les rideaux de nos fenêtres, nous sommes descendus malgré nous vers la plaine et nous nous sommes acheminés. ― Nous étions las de la pensée, nous avions envie d’action ; ― avez-vous vu comme nos âmes se sont révéles joyeuses, lorsque, prenant aux rameurs les lourds avirons, nous avons senti l’azur liquide résister ! ― Oh maintenant, laissons-nous aller ― l’Orion saura nous guider vers des plages. Nos vaillances que nous sentons, appelleront elles-mêmes nos prouesses ; attendons sans penser à tout ― attendons venir nos glorieuses destinées.

Cette nuit, nous avons aussi parlé de la ville tumultueuse où nous nous étions embarqués, de ses foires et de la foule. ― Pourquoi, dit Agloval, penser encore à ces gens-là, dont les yeux ne voyaient que les choses et qui ne s’étonnaient même pas. Moi j’aimerais Bohordin qui sanglotait aux jeux du cirque ;