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Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/44

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et le sable. C’était un mirage en allé qui palpilait au gré dun chant. Le chant se tut ; l’enchantement finit et la cité miragineuse. Notre cœur affreusement serré s’était cru s’écouter mourir.

— À peine un bout de vision qui danse encore sur un trille, sifflement d’haleines, — et c’est alors que nous les vimes, couchées dans les algues : elles dormaient. Alors nous avons fui, si tremblants que nous pouvions à peine courir. Heureusement, nous étions très près du navire : nous l’avons aperçu derrière un promontoire : seul il vous séparait des sirènes. Quel n’était pas votre danger si elles eussent pu vous entendre — et nous n’avons osé crier que déjà tout près de vous de peur que le cri les éveille. — Je ne sais pas la route que nous avons pu faire la veille pour avoir avancé si peu : je crois maintenant que nous avons marché sur place et que ces collines mobiles qui se déplaçaient sous nos pas, que ce plateau, que cette vallée, étaient déjà l’effet de l’enchantement des sirènes. — Ils discutèrent alors pour savoir combien elles étaient et s’émerveillèrent d’avoir échappé à