« Bronja se mit à rire.
« — Boris, pourquoi est-ce que tu racontes tout le temps des choses qui ne sont pas vraies ?
« — Pourquoi est-ce que tu ne crois jamais ce que je te raconte ?
« — Je crois ce que tu me dis, quand c’est vrai.
« — Comment sais-tu quand c’est vrai ? Moi je t’ai bien crue l’autre jour, quand tu m’as parlé des anges. Dis, Bronja : tu crois que si je priais très fort, moi aussi je les verrais ?
« — Tu les verras peut-être, si tu perds l’habitude de mentir et si Dieu veut bien te les montrer ; mais Dieu ne te les montrera pas si tu le pries seulement pour les voir. Il y a beaucoup de choses très belles que nous verrions si nous étions moins méchants.
« — Bronja, toi, tu n’es pas méchante, c’est pour ça que tu peux voir les anges. Moi je serai toujours un méchant.
« — Pourquoi est-ce que tu ne cherches pas à ne plus l’être ? Veux-tu que nous allions tous les deux jusqu’à (ici l’indication d’un lieu que je ne connaissais pas) et là tous les deux nous prierons Dieu et la Sainte Vierge de t’aider à ne plus être méchant.
« — Oui. Non ; écoute : on va prendre un bâton ; tu tiendras un bout et moi l’autre. Je vais fermer les yeux et je te promets de ne les rouvrir que quand nous serons arrivés là-bas.
« Ils s’éloignèrent un peu ; et, tandis qu’ils descendaient les marches de la terrasse, j’entendis encore Boris :