lier ; et même, il lui semblait que dans la conduite de la vie, et, partant, des affaires, de la politique même au besoin, la femme fait souvent preuve de plus de bon sens que bien des hommes…
Des pas dans l’escalier. Elle prêta l’oreille, puis ouvrit doucement la porte.
Bernard et Sarah ne se connaissaient pas encore. Le couloir était sans lumière. Dans l’ombre, ils ne se distinguaient qu’à peine.
— Mademoiselle Sarah Vedel ? murmura Bernard.
Elle prit son bras sans façons.
— Édouard nous attend au coin de la rue dans une auto. Il a préféré ne pas descendre, par crainte de rencontrer vos parents. Pour moi, cela n’aurait pas eu d’importance : vous savez que je loge ici.
Bernard avait eu soin de laisser la porte cochère entr’ouverte, pour ne pas attirer l’attention du portier. Quelques instants plus tard, l’auto les déposait tous trois devant la Taverne du Panthéon. Tandis qu’Édouard payait le chauffeur, ils entendirent sonner dix heures.
Le banquet était achevé. On avait desservi ; mais la table restait encombrée de tasses de café, de bouteilles et de verres. Chacun fumait ; l’atmosphère devenait irrespirable. Madame des Brousses, la femme du directeur des Argonautes, réclama de l’air. Sa voix stridente perçait au travers des conversations particulières. On ouvrit la fenêtre. Mais Justinien, qui voulait placer un discours, la fit presque aussitôt refermer « pour l’acoustique ». S’étant