comme une calotte de moleskine, s’approcha, et, mastiquant avec un effort apparent chaque syllabe :
— Vous n’y parviendrez pas. Passez-moi la bouteille, que je la crève.
Il s’en saisit, la brisa d’un coup sur le rebord de la fenêtre, et présentant le fond à Sarah :
— Avec ces petits polyèdres tranchants, la gentille demoiselle obtiendra sans effort une perforation de sa gidouille.
— Quel est ce pierrot ? demanda-t-elle à Passavant, qui l’avait fait asseoir et s’était assis auprès d’elle.
— C’est Alfred Jarry, l’auteur d’Ubu Roi. Les Argonautes lui confèrent du génie, parce que le public vient de siffler sa pièce. C’est tout de même ce qu’on a donné de plus curieux au théâtre depuis longtemps.
— J’aime beaucoup Ubu Roi, dit Sarah, et je suis très contente de rencontrer Jarry. On m’avait dit qu’il était toujours ivre.
— Il devrait l’être ce soir. Je l’ai vu boire à ce dîner deux grands pleins verres d’absinthe pure. Il n’a pas l’air d’en être gêné. Voulez-vous une cigarette ? Il faut fumer soi-même pour ne pas être asphyxié par la fumée des autres.
Il se pencha vers elle en lui offrant du feu. Elle croqua quelques cristaux :
— Mais ce n’est que du sucre candi, dit-elle, un peu déçue. J’espérais que ce serait très fort.
Tout en causant avec Passavant, elle souriait à