Page:Gide - Les Limites de l’art, 1901.djvu/16

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Il y a quelques jours, plutôt feuilletant que lisant un des épais volumes du cours de « philosophie positive », je fus frappé par un curieux passage. Il s’y agit de louer la science ; Auguste Comte s’entend à cela et loue bien — peu le passé, plus le présent, presque infiniment l’avenir, — je dis « presque » car tout aussitôt, par saine horreur de l’hyperbole et souci de précision, Comte, après avoir d’abord vaguement esquissé ce que, de la science, l’avenir paraît pouvoir espérer et prétendre, ajoute que prétentions et espérances ne sauraient être infinies. Il est, écrit-il, (à peu près, car je cite de mémoire), presque aisé d’en prévoir dès à présent les limites et d’indiquer quelles terres lui resteront toujours fermées ; on sait par exemple que la science n’atteindra jamais…, savez-vous l’exemple qu’il cite ? la composition chimique des astres. Une génération s’écoulait, puis, simplement, sans grand bruit, l’analyse spectrale s’emparait de ces mêmes astres, et la science franchissait les bornes assignées.

De cette page du positiviste, où je trouve malgré tout plus à admirer qu’à sourire, est née, avec le titre et l’idée de cette causerie, une