Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

I

Pluvieuse terre de Normandie ; campagne domestiquée…

Tu disais : nous nous posséderons au printemps, sous telles branches que je connais ; tel lieu couvert et plein de mousses ; il sera telle heure du jour ; il fera telle douceur de l’air, et l’oiseau qui l’an dernier y chantait, chantera. — Mais le printemps vint tard cette année ; l’air trop frais proposait une joie différente.

L’été fut languissant et tiède — mais tu comptais sur une femme, qui ne vint pas. Et tu disais : cet automne du moins compensera ces mécomptes et consolera mes ennuis. Elle n’y viendra pas, je suppose — mais du moins rougiront les grands bois. Certaines journées encore douces, j’irai m’asseoir au bord de l’étang, où, l’an passé, tant de feuilles mortes tombèrent. J’attendrai l’approche du soir… D’autres soirs je descendrai sur les lisières où les derniers rayons se reposeront… Mais l’automne