Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/132

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Chariots pesants, heurtés aux talus, cahotés aux ornières ; que de fois vous me ramenâtes des champs, couché sur les tas d’herbes sèches, avec les rudes garçons faneurs.

Quand pourrai-je, ah ! couché sur les meules, attendre encore le soir venir ? —

Le soir venait ; on arrivait aux granges — dans la cour de la ferme où les derniers rayons s’attardaient.

III

La Ferme

Fermier !

Fermier ! chante ta ferme. — Je veux m’y reposer un instant — et rêver, auprès de tes granges, à l’été que les parfums des foins me rappelleront.

Prends tes clefs — une à une — ouvre-moi chaque porte…

La première est celle des granges…

Ah ! que si les temps sont fidèles !… ah ! que dans la chaleur des foins ne reposé-je près de la grange !… au lieu de, vagabond, à force de ferveur, vaincre l’aridité