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Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/159

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À Rome, près du Pincio, au ras de la rue, par ma fenêtre grillée, pareille à celle d’une prison, des vendeuses de fleurs venaient me proposer des roses ; l’air en était tout embaumé. À Florence je pouvais, sans quitter ma table, voir le jaune Arno débordé. — Sur les terrasses de Biskra, Meriem venait au clair de lune, dans l’immense silence de la nuit. Elle était enveloppée tout entière d’un grand haïck blanc déchiré qu’elle laissait tomber en riant sur le pas de la porte vitrée ; dans ma chambre l’attendaient des friandises. — À Grenade, ma chambre avait sur la cheminée, au lieu de flambeaux, deux pastèques. À Séville, il y a des patios ; ce sont des cours de marbre pâle, pleines d’ombre et de fraîcheur d’eau ; d’eau qui coule, ruisselle et fait au milieu de la cour un clapotis dans une vasque…

Un mur, épais contre le vent du Nord, poreux à la lumière du Midi ; une maison roulante, voyageuse, transparente à toutes les faveurs du Midi… Que serait une chambre pour nous, Nathanaël ? : un abri dans un paysage. —

*

Je te parlerai des fenêtres encore : à Naples,