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Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/163

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bonnes glaces au citron. En Algérie, il y en avait un où l’on fumait du kief et où je faillis me faire assassiner ; l’an d’après, il était fermé par la police ; car il n’y venait que des gens de mauvaise vie.

Cafés encore… Ô ! cafés maures ! — parfois un poète conteur y raconte longuement une histoire ; que de nuits suis-je venu, sans le comprendre, l’écouter !… Mais à tous certes je te préfère, lieu de silence et de fin de journées, petit café de Bab el Derb, hutte de terre, à la limite de l’Oasis, car, après, tout le désert commençait — d’où je voyais, après un jour plus haletant, une nuit plus pacifique descendre. Près de moi, s’extasiait un monotone jeu de flûte. — Et je songe à toi, petit café de Shiraz, café que célébrait Hafiz ; Hafiz, ivre du vin de l’échanson et d’amour, silencieux, sur la terrasse où atteignent des roses, Hafiz qui, près de l’échanson endormi, attend, en composant des vers, attend le jour toute la nuit.

(Je voudrais être né dans un temps où n’avoir à chanter, poète, que, simplement en les dénombrant, toutes les choses. — Mon admiration se serait posée successivement sur chacune et sa