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Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/193

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Je veux parler encore du désert :

Désert d’alfa, plein de couleuvres : plaine verte ondulante au vent.

Désert de pierre ; aridité ; des schistes brillent ; des cicindeles volètent ; des joncs sèchent ; tout crépite au soleil.

Désert d’argile ; ici tout pourrait vivre si seulement coulait un peu d’eau ; dès la pluie tout verdit ; encore que la terre trop sèche semble déshabituée du sourire, l’herbe y semble plus tendre et plus embaumante qu’ailleurs. Elle se hâte encore plus de fleurir, d’embaumer, par crainte que le soleil ne la fane avant qu’elle ait atteint sa graine ; ses amours sont précipitées. Le soleil revient ; la terre se craquèle, s’effrite, laisse s’échapper l’eau de toutes parts ; terre affreusement crevassée ; aux grandes pluies toute l’eau fuit dans les ravines ; terre narguée et impuissante à retenir ; terre désespérément altérée.

Désert de sable. — Sables mouvants comme les flots de la mer ; dunes sans cesse déplacées ;