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Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/207

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solitaire.) C’est l’heure où là-bas les troupeaux de Lascif rentraient ; ils revenaient de la montagne ; le désert était plein d’or au couchant ; tranquillité du soir… maintenant ; (maintenant.)

Paris
Nuit de Juin —


Athmann, je songe à toi ; Biskra, je songe à tes palmiers. — Touggourt, à tes sables. — Le vent aride du désert, agite-t-il encore là-bas, oasis, vos palmes bruissantes ! De chaleur, grenades éclatées, laissez-vous choir vos grains acerbes ? —

Chetma, je me souviens de tes courants d’eaux fraîches, et de ta source chaude près de laquelle on transpirait. — El Kantara ! pont d’or, je me souviens de tes matins sonores et de tes soirs extasiés. — Zaghouan, je revois tes figuiers et tes lauriers-roses ; Kairouan, tes nopals ; Sousse, tes oliviers. — Je rêve à ta désolation, Oumach, ville effondrée, murs entourés de marécages — et à la tienne, morne Droh ! hanté des aigles, village atroce, ravin rauque.

Chegga la haute, contemples-tu toujours le