Il y en a qui sèment la haine
Et qui récoltent ce qu’ils ont semé.
Il y en a qui lorsqu’on les lit semblent luire
Chargés d’extase, délicieux d’humilité.
Il y en a que l’on chérit comme des frères
Plus purs et qui ont vécu mieux que nous.
Il y en a dans d’extraordinaires écritures
Et qu’on ne comprend pas, même quand on les a beaucoup étudiées.
Nathanaël ! quand aurons-nous brûlé tous les livres !
Il y en a qui ne valent pas quatre sous ;
D’autres qui valent des prix considérables.
Il y en a qui parlent de rois et de reines ;
Et d’autres de très pauvres gens.
Il y en a dont les paroles sont plus douces
Que le bruit des feuilles à midi.
C’est un livre que mangea Jean à Patmos,
Comme un rat, — mais moi j’aime mieux les framboises —
Ça lui a rempli d’amertume les entrailles
Et après il a eu beaucoup de visions.
Nathanaël ! quand aurons-nous brûlé tous les livres !!